17 mars 2013


Un article du monde diplomatique que nous vous recommandons de lire attentivement.

photo shadi Gadirian

Femen partout, féminisme nulle part

par Mona Cholletmardi 12 mars 2013
« Les musulmans semblent éprouver un sentiment de puissance virile à voiler leurs femmes, et les Occidentaux à les dévoiler », écrivait l’essayiste marocaine Fatema Mernissi dans Le Harem et l’Occident(Albin Michel, 2001). L’engouement des médias français pour des figures comme les Femen ou Aliaa El-Mahdy, l’étudiante égyptienne qui, en 2011, avait posé nue sur son blog (1), offre une nouvelle confirmation de la justesse de cette observation. On a pu voir sur France 2, le 5 mars, un documentaire consacré au collectif d’origine ukrainienne implanté en France depuis un peu plus d’un an (2), et un autre intitulé Aliaa, la révolutionnaire nue sur Public Sénat pour le 8 mars, Journée internationale des femmes.
Tant pis pour les milliers de femmes qui ont le mauvais goût de lutter pour leurs droits tout habillées, et/ou d’offrir un spectacle moins conforme aux critères dominants de jeunesse, de minceur, de beauté et de fermeté. « Le féminisme, c’est ces femmes qui ont défilé dans les rues du Caire, pas les Femen ! Et sur ces femmes-là, je vois peu de documentaires TV », s’insurgeait sur Twitter, le 6 février dernier, la correspondante de France Inter en Egypte, Vanessa Descouraux. En France, les organisations féministes « se voient désormais plus souvent interpellées sur ce qu’elles pensent du mouvement d’origine ukrainienne que sur leurs propres actions » (3).

« Si tu montres tes nichons,
je reviens avec mon photographe »

Femmes, vous voulez vous faire entendre ? Une seule solution : déshabillez-vous ! En octobre 2012, en Allemagne, les réfugiés qui campaient devant la Porte de Brandebourg, au centre de Berlin, pour dénoncer leurs conditions de vie peinaient à attirer l’attention des médias. En colère, une jeune femme qui manifestait avec eux lança à un journaliste de Bild : « Tu veux que je me mette à poil ? » « Le journaliste acquiesce et promet de revenir avec son photographe. D’autres journalistes l’apprennent et voilà, la foule d’objectifs se réunit autour des jeunes femmes qui soutiennent les réfugiés. Elles ne se sont pas déshabillées, mais ont profité de l’occasion pour dénoncer le sensationnalisme des médias (4). »
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le quatrième livre de Mona Chollet, « Beauté fatale - Les nouveaux visages d'une aliénation féminine », s’attaque au complexe « mode – beauté ». Cet ouvrage a le mérite premier de rendre visible une aliénation des plus coriaces, tant elle est présente partout et nulle part en même temps. Qu’y a-t-il de mal à vouloir être belle ? À partir de cette interrogation faussement naïve, l’auteure cherche àdistinguer le désir de beauté de sa récupération par une logique sexiste et par la société de consommation. Plus qu’une critique du désir de beauté, ce livre est une vaste enquête sur les lieux de pouvoirs où mode et beauté se rencontrent. Il sera question des corps des femmes et des formes de domination spécifiques qu’elles subissent, bien sûr, mais pas seulement. 
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