26 mars 2011

C'est ce soir à la merise de Trappes 


Jbara, la petite gardeuse de chèvres se vend pour quelques pots de yaourts, puis le malheur aidant, s’enfonce dans la prostitution. Et cependant, âme simple d’une fraîcheur quasi miraculeuse, elle entretient avec son Dieu une relation à la fois intense et quotidienne. Il est le seul à qui elle puisse confier ses rêves, il est son seul ami, et il ne lui vient pas à l’idée de lui demander des comptes. Lui parler la réconforte, lui permet de survivre aux vicissitudes d’une vie toute marquée par la violence faite aux femmes. Et si elle se révolte, elle garde en elle une source d’amour qui la sauve.
Pas de manichéisme malgré l’âpreté- voire la crudité- du texte de Saphia Azzedine, un texte qui ne fait pas la part belle aux hommes. Mais surtout, pas de lamentation ni d’aigreur, pas de pathos non plus. Car la comédienne (Molière des révélations théâtrales 2010) reste tout au long de son terrible parcours, lumineuse d’innocence, d’humour et de fraîcheur, d’un naturel et d’une sincérité si saisissants qu’on a peine à ne pas croire qu’elle est véritablement celle qui tutoie si tranquillement son dieu, sans honte et sans haine. De cette traversée tragique, elle fait un moment de grâce.

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